La question d’une culture au plus près des territoires et des citoyens semble être un des sujets de préoccupation du Ministère de la Culture.
Pourtant, il y a toujours d’un côté, les institutions, les artistes reconnus, les acteurs du marché de l’art qui œuvrent pour faire rayonner la France dans le monde entier, de l’autre une partie de la population française qui ne saisit pas l’offre culturelle qui lui est faite…et des artistes qui rament
Qui doit faire un pas et comment ? Est ce que les mentalités du monde culturel changent vraiment ?
Les artistes reconnus sont souvent coupés de ce monde-là par toutes sortes d’intermédiaires, du galeriste au curateur, du médiateur au marchand. Tandis que ceux qui mènent un travail proche du public sont boudés par ceux-là même qui font écran…au lieu de faire lien.
L’art dans cet espace public qui fait loi peut faire lien. C’est là que le contact se fait.
Pour qu’un grand pas soit fait, il n’y a pas d’autre façon que d’aller au-devant des publics, ce que font de plus en plus d’artistes, individuellement, en collectif ou en association. Leurs travaux, mes travaux, sont souvent perçus comme de l’animation populaire et non pas comme de l’ART…J’ai remarqué qu’il est plus facile de vaincre les peurs de ceux qui ne fréquentent pas les musées que celles des personnes qui les animent.
Quand on invite le public à créer, à co-construire une œuvre dont il est fier, quelque chose s’ouvre dans les cœurs et les têtes des plus jeunes ou des plus âgés, des hommes ou des femmes.
Il y a tant à faire sur ce terrain-là, et les moyens donnés sont si faibles…ou bien si instrumentalisés. Il ne s’agit pas de panser les plaies avec de l’amusement artistique, c’est plus beaucoup plus sérieux que cela.
A Paris par exemple, savez-vous que les artistes, collectifs ou associations qui vont au devant des publics sont financés principalement par les équipes de la Politique de la Ville et non par la DAC qui ne se sent pas concernée ?
Dommage, et pourtant Marcel Duchamp, Joseph Beuys, Lygia Clack, Julio Le Parc, et quelques autres précurseurs, avaient déjà amorcé au XXème siècle une autre idée de l’art, un art qui considère chaque homme comme « un artiste ».
Mon expérience dans l’espace public m’a révélé qu’en invitant chacune et chacun à l’expression artistique, c’est un peu de transformation qui s’opère, de la curiosité qui s’éveille, de la compréhension et de l’humanité qui se manifestent.
Bien nombreux seront ceux qui trouveront cela démagogique…Aussi n’y a-t’-il pas à chercher l’adhésion du monde culturel. Il est temps de faire sortir l’art des cadres imposés par les lois du marché et de ceux qui exercent un pouvoir sclérosant !
Je ne suis pas une grande théoricienne, ni une politique, et mon expérience d’œuvrer avec le public dans l’espace public est encore récente, moins de 10 ans, mais c’est dans l’action que j’ai acquis la conviction que c’est là que se joue cette jonction que Madame la Ministre de la Culture rêverait sans doute de faire.
Il es temps de valoriser le travail des artistes qui œuvrent avec les publics des quartiers populaires ou des zones rurales, et de donner les moyens pour que des liens concrets se fassent avec les institutions culturelles et sociales de proximité par des moyens simples mais organisés, etc.
Pour quand la grande fête des Arts plastiques, plurielle et proche des gens ?
Lettre ouverte aux acteurs culturels – Véronique Le Mouël