Cette Rubrique est une invitation à partager des découvertes, à réfléchir sur un sujet, à témoigner de travaux artistiques qui sont en lien avec mes recherches, etc.

Rubriques

Suspension

Expositions – Publications / avril 2019

C’est le titre d’une exposition qui a eu lieu en octobre 2018 dans le très beau Palais d’Iéna construit par Auguste Perret en 1939. C’est aussi le titre du catalogue qui raconte l’histoire aérienne de la sculpture. Edité par Olivier Malingue, écrit par Matthieu Poirier, le commissaire d’exposition, ce catalogue répertorie les principales œuvres suspendues depuis leurs apparitions vers 1918., avec notamment celles d’Alexander Rotchenko (Hanging spatial – 1920). Cela coïncide avec la naissance de l’aviation, ce ne peut être un hasard, cet impérieux besoin de l’homme de s’affranchir alors de la gravité. Car ces sculptures, qu’elles soient mouvantes ou statiques, privilégient avant tout une forme d’autonomie, et manifestent un équilibre entre l’immatériel et le tangible.

On pense à Marcel Duchamp qui a tenté plusieurs types de suspensions (ce qui mériteraient un long développement), à Calder et ses mobiles (1950/70), à Soto et ses « Pénétrables ». En réalité, ce sont de nombreux autres artistes qui ont choisi de priver leurs sculptures de socle et de sol, remettant ainsi en question les modalités de monstration habituelle, créant un rapport différent à l’œuvre.

Yves Klein, qui cherchait à exprimer l’invisibilité et la présence, créé une œuvre appelée « La pluie » avec sa version bleue en 1957 et sa version rouge en 1961. Ce sont douze tiges de bois recouvertes de pigments purs et de résines synthétiques en suspension entre ciel et terre, évocation poétique d’une pluie battante. Je ne connaissais pas cette œuvre, j’aime sa simplicité et sa force d’évocation, elle m’inspire, tout comme les œuvres cinétiques de Julio Le Parc, ou les incroyables cascades de tiges de métal de Soto.

L’aérien, l’immersif, le mouvement, la couleur, la lumière, sont des notions que je cherche à travailler, notamment dans mes espaces cubiques. Mes œuvres suspendues, invitent à se déplacer, et plus encore, à participer à l’œuvre, tel est mon crédo.

« La pluie » Yves Klein – 1961

« Une histoire aérienne de la sculpture abstraite 1918-2018 » – Olivier Malingue – Skira – 2018 

Julio Le Parc, ne te tais pas !

Expositions – Publications / janvier 2018
Sois artiste et tais-toi
Edition Exil – Décembre 2017

Son nom vous dira peut-être quelque chose en rapport avec l’art cinétique ou l’Op’art… Mais ce serait réduire considérablement sa vie, son œuvre tant son travail de recherche fut intense…sur des thématiques qui m’intéressent plus que jamais. Né en argentine en 1928, Monsieur Le Parc a 90 ans et les fête avec un livre au titre déroutant « Sois artiste et tais-toi ». Or c’est bien ce qu’il ne fait pas ! Ce livre reprend les croquis, les photos de ses œuvres et de ses amitiés artistiques, mais surtout les nombreux textes politiques, poétiques, et théoriques qu’il écrivit entre 1957 et 2017. Il fut un des membres très actifs du GRAV (Groupement d’Art Visuel) dans les années 60, groupement fondé pour briser l’isolement des artistes, chercher la confrontation, partager l’aventure de la recherche, tenter le travail collectif, etc. Ce groupe proposait des expériences visuelles situées sur le plan physiologique et non émotif, et invitait à démystifier le phénomène artistique. Aujourd’hui, il ressort de l’oubli pour des positions écrites « Assez de mystifications » en 1961 et 63, « Propositions générales » en 1961, et pour des réalisations collectives « Labyrinthes », « Salle de jeux », « Sortie dans la rue », etc.) Le GRAV fut dissout en 1968, Julio Le Parc cessa de s’intéresser à l’art cinétique et persévèrera dans son travail artistique, la recherche du dialogue, du travail collectif, de la lutte contre une certaine idéologie liée à l’art, et dans la recherche du potentiel d’action et de créativité des gens. Il crû, et croit encore, à la fonction sociale de l’art contemporain, et le défend dans chaque texte. Mais, comme l’écrit si bien Colette Lambrichs en préface, « Qui pouvait prévoir alors que l’individualisme allait être exalté comme jamais, et que la plupart des artistes participeraient à cette mise en concurrence, chacun avec son image de marque, dans des rapports de force régis par le marché… ».

Qu’est ce que le progrès ? Tino Sehgal au Palais de Tokyo

Expositions – Publications / novembre 2016

A la Sorbonne, Place du Panthéon

Carte Blanche à Tino Sehgal

Pourquoi fait-on la queue ? Après avoir acheter son billet d’entrée du Palais de Tokyo et traverser le rideau de perles, telle est la question. Quand, enfin, un enfant vient vous chercher pour vous entrainer dans un Palais de Tokyo vidé de toute oeuvre, ce n’est plus nous qui posons la question mais lui, l’enfant. « Qu’est ce que le progrès ?  » La conversation s’engage et je me demande alors si nous ne sommes pas sur la planète du Petit Prince…Entrainés dans une ballade malgré nous par des personnes de différents générations, la conversation se poursuit dans différents espaces du Musée, emplit de gens qui marchent, dansent et produisent des sons bizarres. Il faut avoir envie de s’aventurer hors de sa zone de confort pour découvrir une pièce toute noire dans laquelle on finit par pénétrer attirés par des voix étranges, ou pour se retrouver dans une salle ronde avec deux enfants qui jouent une scènette sur le futur. Ce sont des « situations construites » selon Tino Sehgal, l’artiste qui a eu carte blanche pour occuper le Palais de Tokyo pendant 2 mois. Né en 1976, il a étudié l’art conceptuel et la danse, En 2010, je me souviens d’avoir été intriguée, de loin grâce à des articles de presse, par cette oeuvre qu’il proposait pour la première fois au Musée Guggenheim de New York. Il a représenté l’Allemagne à la Biennale de Venise et reçu plusieurs prix prestigieux. Au Palais de Tokyo, il réalise une oeuvre inclassable et touchante qui m’a enchanté… Véronique Le Mouël

Décollages artistiques à la Fondation Cartier et celle de Vuitton

Expositions – Publications / février 2015

Olafur Eliasson                                Diller Scofidio + Renfro« Contact » d’Olafur Eliasson et « Musings on a glass box» des architectes Diller Scofidio + Renfro sont deux expositions, si le mot exposition peut avoir encore un sens, à voir en ce moment en février 2015 à Paris dans deux fondations, celle de Cartier (30 ans) et celle de Vuitton (3 mois).

L’une comme l’autre invitent davantage à vivre des expériences qu’à regarder des œuvres : expériences du corps et des sens, dans des espaces conçus pour les mettre à l’épreuve. Rien d’éprouvant cependant, mais notre rapport au bâtiment de Jean Nouvel est soudain dérouté par une fausse vraie fuite d’eau après laquelle un seau se déplace pour en attraper les gouttes qui tombent du plafond situé 8 mètres plus haut.

Pendant que notre attention est mobilisée par ce seau à roulettes, les grandes surfaces vitrées de la fondation s’opacifient progressivement au point que le bâtiment semble se refermer sur lui-même. Dans une autre salle, nous découvrons un écran situé à l’horizontale à quelques centimètres du sol, et là, surprise si on prend le temps de s’allonger et de comprendre.

Notre rapport à l’espace et à notre déplacement est interrogé d’une autre façon par Olafur Eliasson dans l’installation « Contact » qui se termine le 22 février prochain à la Fondation Louis Vuitton. Il nous propose une visite au cœur d’une sorte de kaléidoscope à plusieurs facettes, car chaque salle est une facette proposée par celui qui nous invite à perdre nos repères. Notre image est reflétée, dupliquée, et parfois l’espace autour, au point de la rendre fugace et infinie.

Où sommes nous, qui sommes nous, quelle est notre place dans ces espaces métaphoriques. Est ce un voyage initiatique ? Le spectateur est plus que jamais dans l’œuvre, passager ou pilote, c’est selon chacun.

Quand la lumière flash vient éclairer telle un trombinoscope la source d’eau qui jaillit dans le noir, nos yeux cherchent à saisir la forme qui s’inscrit sur nos rétines car ce sont chaque fois des des œuvres sculpturales qui apparaissent, et disparaissent tout aussitôt.

Emerveillement et/ou prise de conscience : dans un espace indéfini, l’objet sculpté dématérialisé, est insaisissable tant dans la matière que dans la forme, il ne peut être saisi que par le regard…

Véronique Le Mouël

« Flamme éternelle » de Thomas Hirschhorn au Palais de Tokyo

Expositions – Publications / juin 2014

Tomas Hirschhorn

Juin 2014 – « Flamme éternelle » est une installation de l’artiste suisse Thomas Hirschhorn à voir absolument en ce moment au Palais de Tokyo. L’artiste y est présent tous les jours de 12 h à Minuit et invite des philosophes, des écrivains, des poètes à dire des textes pour confronter leurs idées, leurs pensées. « L’audience sera créée par le contenu-même de la pensée-même » nous dit Thomas Hirschhorn.

On se sent bien dans cet incroyable capharnaum plastique qui donne un fort sentiment de liberté et d’ouverture, à la découverte de ce qui est produit par les pensées des intellectuels, les gestes artistiques du public qui s’empare du polystyrène, du scotch et des ordinateurs avec un plaisir non dissimulé, et, bien sûr, de l’oeuvre-même de Thomas Hirschhorn qui se transforme un peu plus chaque jour depuis 33 jours.

Convaincue de la force conceptuelle et plastique de cette installation, j’ai choisi de partager dans ce lieu avec quelques uns de mes amis et fidèles de l’Association Oeuvre Participative, un texte de la philosophe Joëlle Zask. Il est extrait des Actes du colloque sur le thème de la participation dans l’art qui a eu lieu au MacVal en décembre dernier. « La participation n’est pas un idéal à brader » nous dit elle dans ce texte intitulé « L’art participatif et sa portée critique ». Même si Thomas Hirschhorn a éliminé de son vocabulaire le mot participation, et sans vouloir réduire son propos, son installation laisse libre cours à toutes sortes de participations. Tout comme cette « Flamme éternelle », le texte de Joëlle Zask est un aiguillon pour le projet que je porte, et m’incite à m’interroger sur le travail mené depuis 4 ans….Véronique Le Mouël 

Ensemble ! Galerie Defacto La défense

Expositions – Publications / mai 2014

Création participative en milieu urbain. Exposition du 4 avril au 28 juin à voir à la Gallery Defacto à la Défense.

S’interroger sur l’intervention de la créativité artistique dans le paysage urbain, voilà une question posée dans un cadre intéressant, celui d’une galerie à la défense, avec un commissaire d’exposition réputé, Paul Ardenne. Il a choisit des artistes qui illustrent différentes tendances actuelles de modes coopératifs et différentes manière de les présenter: exploration du comportement individuel dans l’espace collectif sous forme de vidéos par Mélanie Manchot, invitations à l’action collective sur des places publiques restituées par la photo par Joël Hubaut, participation sur le lieu même de l’expo en invitant à pédaler sur un vélo pour donner de l’énergie qui s’affiche en direct sur un écran selon Yann Toma, etc. 

Quelques mois après le colloque cité ci-dessous, voilà un signe supplémentaire de l’intérêt de plus en plus grand porté à l’œuvre participative, ce qui est une bonne nouvelle !

Soup No soup au Grand Palais avec Rirkrit Tiravanija

Expositions – Publications / avril 2012

Soup / No soup est le nom de la performance de Rirkrit Tiravanija, premier évènement public de la Triennale, pendant le week-end de Pâques 2012 au Grand Palais à Paris.

Rikrit Tiravanija est un artiste contemporain de notoriété internationale qui transforme la nef du Grand Palais en un énorme banquet convivial ce samedi 7 avril 2012 de midi à minuit. Rirkrit s’est fait connaître en créant des moments de convivialité et d’échanges par des actions simples centrées sur le partage de la nourriture, principalement dans des galeries , depuis près de 20 ans. C’est la première fois qu’il présente ce projet à Paris. Je participe bénévolement pour servir la soupe de 18h à minuit. Ambiance zen, souriante, et pluriculturelle !

 Soup No soup au Grand Palais avec Rirkrit TiravanijaSoup No soup au Grand Palais avec Rirkrit Tiravanija 1

In-Perception au Centquatre

Expositions – Publications / février 2012

Léandro Erlich et Ann Véronica Janssens sont au Centquatre jusqu’au 4 mars 2012.

Avec mes enfants, nous avons expérimenté les trois installations de ces deux artistes de notoriété internationale : L’un provoque le vertige par des inversions d’architectures familières, l’autre vous fait perdre tout repère. Dans tous les cas, la participation de tous les sens est réelle et intéressante.

Regards Croisés 4 Regards Croisés 5

Dynamo Fukushima par Yann Toma au Grand Palais

Expositions – Publications / septembre 2011

Regards Croisés 1

Au Grand Palais, dans le cadre des journées du patrimoine des 17 et 18 septembre 2011, Dynamo-Fukushima par Yann Toma.

Accompagnés par la communauté japonaise de France, les visiteurs du Grand Palais sont invités à venir investir leur énergie sous la nef dans une impressionnante course cyclique, ayant pour fil conducteur, la masse énergétique humaine ( ou « une dynamo humaine »). “Les spectateurs sont invités à être actifs et productifs au sein de cette œuvre tout en vivant un voyage immobile et métaphorique » selon Yann Toma. 16 000 personnes ont participé à ce dispositif “fédérateur et joyeux” ! 

Avec un petit groupe d’étudiants du Master Arts Plastiques à St Charles, nous avons contribué à l’installation de Yann, de manière modeste mais utile pour que les vélos prêtés par le Ville de Paris paraissent plus propres !

Yann Toma - Dynamo Fukushima

« Women are heores » selon JR

Expositions – Publications / janvier 2011

"Women are heores" - JR

« Women are heroes », un film reportage de JR. Sortie le 12 janvier 2011 en salle.

JR est un artiste contemporain français. Il expose ses photographies dans la rue, qu’il qualifie de « plus grande galerie d’art au monde ». Son travail mêle l’art, l’action, traite d’engagement, de liberté, d’identité et de limite. Son film se déroule dans l’univers particulier des favelas des grandes villes du Brésil, d’Inde, du Cambodge ou du Kenya. Nous y découvrons des femmes prises entre des coutumes ancestrales et une modernité en marge. Les portraits sous forme d’interviews sont émouvants et magnifiques. L’artiste y dévoile son travail de photographe non sans un certain contentement, il déborde un peu, devient caricatural à vouloir trop en faire. Pourtant, il est aussi juste et passionnant, Ce film permet de porter un regard différent sur les favelas. Artiste engagé qui réussit avec talent, son propos, ses oeuvres laissent entrevoir les pièges du succès et de la médiatisation. A découvrir et accueillir comme un débordement d’énergie et d’enthousiasme qui n’enlève rien aux risques, engagements, et talents de cet artiste globe trotteur qui fera parler de lui.