Julio Le Parc, ne te tais pas !
Son nom vous dira peut-être quelque chose en rapport avec l’art cinétique ou l’Op’art… Mais ce serait réduire considérablement sa vie, son œuvre tant son travail de recherche fut intense…sur des thématiques qui m’intéressent plus que jamais. Né en argentine en 1928, Monsieur Le Parc a 90 ans et les fête avec un livre au titre déroutant « Sois artiste et tais-toi ». Or c’est bien ce qu’il ne fait pas ! Ce livre reprend les croquis, les photos de ses œuvres et de ses amitiés artistiques, mais surtout les nombreux textes politiques, poétiques, et théoriques qu’il écrivit entre 1957 et 2017. Il fut un des membres très actifs du GRAV (Groupement d’Art Visuel) dans les années 60, groupement fondé pour briser l’isolement des artistes, chercher la confrontation, partager l’aventure de la recherche, tenter le travail collectif, etc. Ce groupe proposait des expériences visuelles situées sur le plan physiologique et non émotif, et invitait à démystifier le phénomène artistique. Aujourd’hui, il ressort de l’oubli pour des positions écrites « Assez de mystifications » en 1961 et 63, « Propositions générales » en 1961, et pour des réalisations collectives « Labyrinthes », « Salle de jeux », « Sortie dans la rue », etc.) Le GRAV fut dissout en 1968, Julio Le Parc cessa de s’intéresser à l’art cinétique et persévèrera dans son travail artistique, la recherche du dialogue, du travail collectif, de la lutte contre une certaine idéologie liée à l’art, et dans la recherche du potentiel d’action et de créativité des gens. Il crû, et croit encore, à la fonction sociale de l’art contemporain, et le défend dans chaque texte. Mais, comme l’écrit si bien Colette Lambrichs en préface, « Qui pouvait prévoir alors que l’individualisme allait être exalté comme jamais, et que la plupart des artistes participeraient à cette mise en concurrence, chacun avec son image de marque, dans des rapports de force régis par le marché… ».