Décollages artistiques à la Fondation Cartier et celle de Vuitton
« Contact » d’Olafur Eliasson et « Musings on a glass box» des architectes Diller Scofidio + Renfro sont deux expositions, si le mot exposition peut avoir encore un sens, à voir en ce moment en février 2015 à Paris dans deux fondations, celle de Cartier (30 ans) et celle de Vuitton (3 mois).
L’une comme l’autre invitent davantage à vivre des expériences qu’à regarder des œuvres : expériences du corps et des sens, dans des espaces conçus pour les mettre à l’épreuve. Rien d’éprouvant cependant, mais notre rapport au bâtiment de Jean Nouvel est soudain dérouté par une fausse vraie fuite d’eau après laquelle un seau se déplace pour en attraper les gouttes qui tombent du plafond situé 8 mètres plus haut.
Pendant que notre attention est mobilisée par ce seau à roulettes, les grandes surfaces vitrées de la fondation s’opacifient progressivement au point que le bâtiment semble se refermer sur lui-même. Dans une autre salle, nous découvrons un écran situé à l’horizontale à quelques centimètres du sol, et là, surprise si on prend le temps de s’allonger et de comprendre.
Notre rapport à l’espace et à notre déplacement est interrogé d’une autre façon par Olafur Eliasson dans l’installation « Contact » qui se termine le 22 février prochain à la Fondation Louis Vuitton. Il nous propose une visite au cœur d’une sorte de kaléidoscope à plusieurs facettes, car chaque salle est une facette proposée par celui qui nous invite à perdre nos repères. Notre image est reflétée, dupliquée, et parfois l’espace autour, au point de la rendre fugace et infinie.
Où sommes nous, qui sommes nous, quelle est notre place dans ces espaces métaphoriques. Est ce un voyage initiatique ? Le spectateur est plus que jamais dans l’œuvre, passager ou pilote, c’est selon chacun.
Quand la lumière flash vient éclairer telle un trombinoscope la source d’eau qui jaillit dans le noir, nos yeux cherchent à saisir la forme qui s’inscrit sur nos rétines car ce sont chaque fois des des œuvres sculpturales qui apparaissent, et disparaissent tout aussitôt.
Emerveillement et/ou prise de conscience : dans un espace indéfini, l’objet sculpté dématérialisé, est insaisissable tant dans la matière que dans la forme, il ne peut être saisi que par le regard…
Véronique Le Mouël
Dimanche 11 janvier 2015 – Boulevard du Temple
3 juillet – Diner ensemble #10



