Réenchanter le Havre, un défi réussi !
Un été au Havre, c’est un joli parcours proposé par Jean Blaise, directeur artistique, et son équipe pour découvrir le Havre avec le regard gourmand de la découverte.
Inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, le Havre séduit les artistes depuis longtemps et, il est vrai, y règne une ambiance particulière.
Entre l’activité portuaire, impressionnante porte sur le monde, et le style architectural typique d’Auguste Perret qui a tracé de larges avenues et laissé une empreinte architecturale forte, il y règne l’ ambiance d’une modernité industrielle qui semble bien froide et grise sous les nuages. Quand la lumière fait resplendir les couleurs des 12 768 verres colorés de l’église Saint Joseph sur les murs de béton imaginés par Perret, que l’oeuvre de Chiharu Shiota y semble en lévitation, et qu’au détour d’une avenue se profilent une arche de containers de Vincent Canivet ou une structure blanche et ouverte sur la mer comme une porte à plusieurs ouvertures de Sabina Lang et Daniel Baumann, vient alors le plaisir de se laisser surprendre.
Les panneaux de signalisation qui dialoguent avec vous (« Alors c’était bien ? », « Tournez la tête ») sont bien à propos, et il faut aussi pousser les portes pour découvrir quelques pépites, comme le travail de Stéphane Thidet au Portique, centre régional d’art contemporain. Sa recherche d’expression de la tension entre puissance et fragilité m’a profondément séduite.
L’art participatif y a sa place, avec un temple aux 5000 voeux dont la mise en scène, réalisée par une compagnie La Bazooka, me parait très discutable. Il y manque une ligne forte, et on se sent un peu trimballé avec nos gilets de sauvetage pour rejoindre l’îlot au milieu du bassin…Tandis que le geste de faire bouger l’immense ballon transparent, hérissé de fusains pour créer l’oeuvre collective sur les murs de la salle par la trace laissée, me semble plus artistique et poétique. Une oeuvre de Karina Smigla-Bobinsky à voir à la Smart Factory au Fort.
S’il n’est pas toujours simple de bien suivre les parcours (la signalétique est discrète !), le réenchantement est plutôt réussi !
Véronique Le Mouël